Le Camino traverse à présent de vastes plaines agricoles. Les cochons ne sont pas loin. Si je ne les vois pas, je sens leur puanteur qui filtre des porcheries industrielles perdues au milieu des campagnes et qui doivent mener un rude concurrence aux charcuteries traditionnelles de Monesterio.
Mes pieds baignent dans mes chaussures imbibées d'eau... mais pour la première fois depuis plusieurs jours ils ne me font pas mal. Peut-être est-ce la solution à mes problèmes : prendre un bain, bottines aux pieds, avant de démarrer la journée...
A Puebla de Sancho Perez je trouve refuge dans un bar. Un cafe con leche s'impose ! Courage, il me reste moins d'une heure à marcher. Trempé jusqu'aux os, je ne suis pas mécontent d'arriver à Zafra.
Le gîte est de tout confort. Comme celui de la veille, il fait partie d'un réseau d'auberges privées pour l'accueil des pèlerins. Plus tard dans la soirée arriveront d'autres pèlerins.
D'abord un allemand bedonnant à vélo, ne sachant parler aucune autre langue que la sienne. Il a "un petit air ridicule" dans son pyjama rayé bleu... et sa maman lui a probablement dit de ne pas dormir dans d'autres draps que les siens car il retire sa couette et son oreiller qu'il rapporte à la réception, préférant dormir dans son sac de couchage certainement aseptisé, non sans avoir noué une écharpe autour du cou avant de sombrer... ;-) Allez savoir pourquoi, mais j'étais sûr qu'il ronflerait ! A peine couché, on croirait entendre un porc sur sa litière criant de tout son groin ! Mais les maudits ronfleurs ne m'auront pas à l'usure cette fois-ci car j'ai dans mon sac une cargaison de boules Quiez !
Ensuite, un espagnol tirant une tronche de polonais dont je n'aurai entendu que quelques borborygmes pour toute réponse à mes questions : mhm... Il y a aussi un "indéterminé" dont je n'ai pu entendre le son de sa voix. Peut-être le sourd et muet de la bande... Et enfin, un pèlerin espagnol, un vrai, avec sa coquille Saint-Jacques accrochée à son sac et son sourire aussi généreux que son ventre.
Voilà la faune qui se partage pour un soir une chambre à l'auberge de Zafra...
1 commentaire:
Une citation de Bouddha pour t'inspirer: "mille et une maladies sont guéries en fixant l'attention sur la plante de vos pieds". Tu es sur le bon chemin, Franck!
Et Hakuin rajoutait que son maître disait: "Si vous rassemblez les flammes de votre coeur et le feu de vos pensées et les concentrez sur la plante de vos pieds, votre poitrine et votre diaphragme deviendront d'eux-mêmes frais et clairs"
Et ne dit-on pas "bon pied, bon oeil"!
Anne
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